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Page:Mendès - Le Roi Vierge - 1881 (leroiviergeroma00mendgoog).djvu/203

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FRÉDÉRICK

vrai, pour une tête de nain. Qu’est devenu l’empire des Karl, des Henri, des Othon ? demande au seigneur de Kniphausen, qui a moins de sujets qu’un pâtre n’a de brebis ; au prince de Lichtenstein, qui, entre deux repas, peut aller à pied de l’une à l’autre de ses frontières ; au grand-duc de Weimar, dont le duché est un jardin ; au landgrave de Hombourg, suzerain d’un tripot ! Et, pendant que l’Allemagne, déchirée, s’alanguit et succombe, l’héréditaire ennemie, la France, pleine de richesses et de fêtes, rit ! Elle danse et piétine, la belle nation vivante, sur les tronçons du cadavre germanique. Mais notre patrie veut se rejoindre, comme un tas de monnaies refondues se condense en lingot, et, rejointe, grandir ; elle veut être une et énorme ! L’heure, l’heure est prochaine : partout où sonne la langue allemande, le sol sera allemand, et nous reculerons nos limites jusqu’aux plus lointains des territoires où s’arrêta, par dédain d’autres conquêtes, l’émigration de nos ancêtres.

— Madame, c’est là ce qu’on rêve à Berlin, dit le roi.

— Pourquoi n’y pas penser à Nonnenbourg ? Au corps reconstitué de l’Allemagne, il faudra