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Page:Mendès - Le Roi Vierge - 1881 (leroiviergeroma00mendgoog).djvu/209

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FRÉDÉRICK

penses bien qu’il ne saurait appartenir à un prince ayant pour successeur le mari d’une écuyère ou le page de Mme Sylvia ? Songe comme tout serait bien, au contraire, si le roi de Thuringe avait un héritier direct, ferme de corps et sain d’esprit, qui pourrait faire s’épanouir en dynastie impériale la race ducale et palatine des Mittelsbach !

Le roi s’était levé, un flot de pourpre au visage, et il dit, les lèvres tremblantes :

— C’est donc vrai ! vous voulez que je me marie !

— Justement, répondit-elle.

— Et c’est pour m’y résoudre que vous m’avez montré comme un appât éblouissant ce rêve de gloire et d’empire ?

— Est-ce que tu m’en veux ? Ah ! je comprends, tu t’imagines que je t’ai choisi pour femme quelque princesse allemande ou danoise que tu ne connais point, laide peut-être, ou sotte, que tu ne saurais aimer ; tu redoutes un de ces mariages comme les rois en font pour satisfaire à l’orgueil de leur rang, ou pour se ménager d’utiles alliances. Non, mon Frédérick. J’ai pensé au bonheur de mon fils en même temps qu’à sa gloire. Mes flatteurs disent que je suis