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Page:Mendès - Le Roi Vierge - 1881 (leroiviergeroma00mendgoog).djvu/304

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LE ROI VIERGE

toute sa gorge d’un corset trop bas et trop étroit, — si ingénue qu’elle n’avait jamais pu comprendre pourquoi il n’était pas convenable de se montrer presque nue ; Mme de Louisberg, une belle et robuste Poméranienne, qui chantait dans les fêtes de charité, et qui, veuve pour la troisième fois, venait d’épouser, à trente-cinq ans, un petit musicien belge dont elle se trouvait peu satisfaite, parce qu’il devenait phthisique très vite, — mais à ceux qui lui conseillaient de divorcer elle répondait doucement : « Oh ! ce n’est pas la peine ; » Mme Béatrix Mzillach, une antique prima donna, fort applaudie autrefois, que de très jeunes gens s’avisaient encore d’aimer, toute vieille et ridée qu’elle fût, étant sans doute de l’avis de ce poète français qui disait d’elle : « Ce qu’il y a d’attrayant dans Mme Mzillach, c’est qu’elle a voyagé dans toutes les capitales de l’Europe ; » et enfin la troupe extasiée, — cheveux courts en boucles, le lorgnon dans l’œil, — des petites élèves de l’abbé Glinck.

Çà et là, parmi les femmes, des hommes étaient assis. Quelqu’un qui aurait été au courant des choses eût bien vite reconnu le marquis Yésada, plénipotentiaire japonais, qui, d’un sé-