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Page:Mendès - Le Roi Vierge - 1881 (leroiviergeroma00mendgoog).djvu/338

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LE ROI VIERGE

plus où elle en est ; il ne parvenait pas à rassembler ses pensées éparses dans une immense horreur. Les seules choses dont il se souvint, c’était que Gloriane, infernalement belle, s’était dressée devant lui, toute nue ; qu’elle l’avait étreint, qu’il avait senti lui pénétrer dans tout le corps et lui monter au cerveau une abominable ivresse, et qu’alors, éperdu, frissonnant sous la chaleur grasse de la chair, — terrible à force de terreur, — il avait saisi un poignard et frappé ! Maintenant, il s’éloignait très vite, courant presque dans de longs corridors, n’osant pas retourner la tête, ayant peur de voir l’impudique créature, avec ses cheveux embrasés, lui offrir encore, tout sanglants, ses flancs luxurieux !

Il s’arrêta ; il avait entendu derrière lui un bruit de porte refermée ; et il se trouvait dans une chambre vaste, obscure, aux coins pleins de ténèbres. Qui l’avait guidé jusqu’ici ? Ah ! oui, il se souvint ; Karl lui avait dit : « Venez, Sire ! » Mais qu’est-ce que c’était que cette chambre ? Il ne la reconnut pas d’abord.

— Karl ! Karl ! cria-t-il.

Aucune réponse. Seul. Pourtant il lui sem-