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Page:Mendès - Le Roi Vierge - 1881 (leroiviergeroma00mendgoog).djvu/40

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LE ROI VIERGE

nous ferons l’amour ! » Qu’est-ce que je dis donc là ? Je ne vous voyais plus. Enfin, ce sera charmant ! Je m’imagine les mines contrites de vos mornes fonctionnaires regardant passer la voiture à six chevaux blancs, empanachés de marabout, de la jeune favorite. D’ailleurs, ils iront à son petit lever le matin.

— Vous voulez donc venir à Nonnenbourg ? demanda le prince Flédro.

— Impertinent ! dit-elle. Puis, regardez donc : je suis laide… des os, pas de chair, une peau qui brûle. C’est bon pour les raffinés, cela. Les chérubins aiment les géantes. Il faut de gros repas pour les affamés. Ce sont les gens qui n’ont plus faim qui raffolent des bécassines ; je n’ai jamais été aimée que par des hommes de quarante ans. L’expérience choisit, la naïveté accepte pourvu qu’on lui donne beaucoup. Ce que je vous offre est éclatant, bruyant, extraordinaire ! les yeux qui n’ont pas l’habitude de regarder seront obligés de voir. La vertu de votre roi est un mur ; je vous conseille une catapulte.

— Que m’offrez-vous donc ?