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Page:Mendès - Le Roi Vierge - 1881 (leroiviergeroma00mendgoog).djvu/74

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LE ROI VIERGE

cabaret, dans la ravine du chemin, un jeune garçon étranglé au moyen d’une jarretière qu’il avait encore au cou. Par bonheur pour Brascassou, l’oncle du préfet, vieillard très respectable, eût été compromis par des débats publics. Le parquet consulta télégraphiquement le ministre de la justice, et celui-ci répondit par dépêche chiffrée : « Étouffez l’affaire. » Seulement, l’organisateur du bal athénien fut invité à quitter la ville et même la France. Minuche et Filouse, les larmes aux yeux, l’accompagnèrent à la gare. Il partit pour l’Espagne, se souvenant d’un agent de change de ses amis, qui, après une banqueroute, était allé fonder une maison d’escompte à Pampelune. Il comptait sur cet ami : tout le monde a des illusions. Quand il eut pris son billet, il dit : « Je n’ai plus un liard ; » et il demanda un louis à Minuche. Celui-ci, par un malheureux hasard, avait oublié son porte-monnaie ; Filouse, en sanglotant, donna deux francs à Brascassou. « Au moins tu pourras acheter du tabac, là ! là ! là ! »

À Pampelune, l’exilé ne trouva pas son ami. Le banqueroutier venait d’être condamné comme faux-monnayeur. « Biédase ! dit Brascassou,