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Page:Mendès - Le Roi Vierge - 1881 (leroiviergeroma00mendgoog).djvu/82

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LE ROI VIERGE

ne se fit point prier pour entrer en conversation avec Brascassou ; il offrit une cigarette, accepta un cigare. Ils étaient déjà les meilleurs amis du monde. « À propos, camarade, savez-vous qui loge, là, dans cette maisonnette ? » Le soldat devint tout pâle, puis, comme ayant reçu quelque grave offense, marcha droit à l’étranger, la baïonnette en avant. « Biedaze ! » pensa Brascassou, en tournant les talons ; il n’était pas homme à pousser la curiosité jusqu’à l’imprudence.

Il se souvint de la boutique du barbier, bavarde et tumultueuse ; il serait facile d’y obtenir des renseignements. Brascassou retourna dans la ville, s’en alla vers la grande place ; précisément, il avait besoin de se faire raser. Mais, en entrant sous l’arcade, il eut un geste de désappointement ; la boutique était déserte, à peu près ; ce n’était plus l’heure où les habitants de Pampelune se font tailler la barbe et les cheveux en lisant les journaux madrilènes, ou attendent leur tour en commentant les nouvelles politiques avec de grands éclats de voix et des gestes de tribune. Le barbier se tenait debout, à côté d’un client unique, qu’il accommodait en silence, avec