Page:Mendès - Les 73 journées de la Commune, 1871.djvu/115

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

103
LE CITOYEN LHUILLIER ET LE MONT-VALÉRIEN.

murmure tout bas qu’Assy, prudent, a jugé à propos de mettre de côté quelques billets de banque trouvés dans les tiroirs du gouvernement de Versailles. Eh ! qu’est-ce que cela, je vous le demande ? Depuis quand la politique, comme les affaires, n’est-elle plus l’argent des autres ? Pure peccadille, messieurs de la Commune ! Ah ! si le citoyen Assy était convaincu d’avoir entretenu en 1843 des relations suivies avec une dame dont le fils, aujourd’hui, serait le cousin du valet de chambre de M. Thiers, s’il avait été vu dans une église et qu’il fût nettement prouvé qu’il n’y était pas entré dans le seul but de « faire le mouchoir » aux fidèles, je comprendrais votre indignation. Mais arrêter un homme parce qu’il a mis en sûreté le fruit des rapines des traîtres ! cela est vif, et, si vous continuez ainsi, prenez garde, on croira que vous avez des préjugés.

Quant au citoyen Lhuillier, qui a été une des premières victimes de la « fraternité, » on l’a incarcéré parce qu’il n’a pas réussi à se faire livrer le Mont-Valérien. Je songe avec terreur que si j’avais été à la place du citoyen Lhuillier, j’aurais certainement encouru les rigueurs qu’il a subies, car du diable si je sais comment je m’y serais pris pour apporter à l’Hôtel de Ville, sur la table des délibérations, la grande forteresse. Vous êtes en Suisse, vous voyez le Mont-Blanc, vous dites à un enfant qui passe : « Va me chercher le Mont-Blanc. » L’enfant, naturellement, va jouer aux houlettes sur le plus prochain trottoir, et, quand il revient, il n’a pas le plus petit Mont-Blanc sous le bras. Alors, vous, que vous ? Vous fouettez jusqu’au sang le maladroit commissionnaire. Mais il paraît que M. Lhuillier n’a pas