Page:Mendès - Les 73 journées de la Commune, 1871.djvu/124

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

112
NE TOUCHEZ PAS À LA REINE.

raître pour réorganiser le service compromis par ces gueux de réactionnaires.

— De sorte que vous avez journellement des nouvelles de votre tante ?

— Journellement.

— Eh bien, j’en suis ravi. Car un de nos amis qui arrive de Marseille m’avait annoncé que votre pauvre parente était morte.

— Morte ! Ah ! mon Dieu ! que me dites-vous là ? Attendez donc, maintenant j’y songe, ce matin je n’ai pas reçu de lettres.

— Là, vous voyez !

Mais ne vous laissez pas emporter par le chagrin au point de hasarder votre sûreté personnelle et répondez :

— Je vois, monsieur, je vois que si, par extraordinaire, je n’ai pas eu de nouvelles aujourd’hui, c’est que le citoyen Theiz, qui est un excellent homme, a voulu m’épargner un chagrin !

XXXVII.

Ne touchez pas à la reine. La reine, en ce temps, c’est la presse. Reine bien déchue, bien encanaillée, mais reine toujours. C’est en vain que la presse s’est parfois abaissée dans l’opinion des honnêtes gens en consentant à des excès, en approuvant des fautes, en applaudissant à des crimes ; vainement quelques journalistes ont déconsidéré le journal, la presse, fille auguste du la pensée humaine, n’a perdu ni sa puissance ni son