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LES NOUVELLES VRAIES.

pleinement tous les actes de l’Assemblée nationale ; quelques journaux vont jusqu’à insinuer que le gouvernement n’est peut-être pas tout à fait innocent des calamités actuelles ; — mais qu’est-ce que cela prouve ? que la presse n’est pas plus la servante de l’Assemblée que l’esclave de la Commune ; en un mot, qu’elle est indépendante.

Et quelles sont les fausses nouvelles dont parle le Journal officiel de Versailles, et contre lesquelles il semble vouloir nous prémunir ? Croit-il que nous soyons assez niais pour ajouter foi aux cris de victoire que poussent chaque matin les affiches de la Commune ? Suppose-t-il que nous ne voyons plus dans les députés que de simples anthropophages, mangeant tous les jours, à la table d’hôte de l’hôtel des Réservoirs, des bifteacks de communeux et des côtelettes de fédéré ? Point du tout, nous démêlons fort bien la vérité parmi les exagérations des gens de l’Hôtel de Ville, et, cette juste appréciation des choses, nous la devons précisément aux journaux que l’Officiel accuse si inconsidérément.

Mais peut-être ne sont-ce pas seulement les fausses nouvelles que redoute l’assemblée de Versailles ; elle ne serait peut-être pas fâchée que nous ignorions les vraies nouvelles aussi, et gageons que, si elle le pouvait, elle ne manquerait pas de supprimer ces journaux mal appris qui — sans être pourtant le moins du monde des journaux communeux — se permettent d’affirmer que depuis six jours les obus de Versailles tombent sur les Ternes, sur les Champs-Élysées, sur l’avenue de Wagram, et nous ont déjà coûté autant de sang et de larmes que les obus prussiens, d’épouvantable mémoire !