Page:Mendès - Les 73 journées de la Commune, 1871.djvu/185

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

173
LES ÉLECTIONS SANS ÉLECTEURS.

me permettre de leur adresser une question sans importance ? De quel droit nous ont-ils conseillé à nous, leurs administrés, d’élire la Commune de Paris, s’ils étaient résolus, lorsque les suffrages des amis de l’ordre se seraient réunis sur eux, à décliner toute responsabilité ? Leur présence à l’Hôtel de Ville n’aurait-elle pas été — comme nous espérions qu’elle le serait en effet — un modérateur puissant au milieu des excès que l’on pouvait déjà prévoir ? Quand on dit aux gens : « Soyez électeurs ! » a-t-on le droit de ne pas se considérer comme éligible ? En un mot, pourquoi nous engageaient-ils à élire la Commune de Paris, si la Commune de Paris devait être une chose mauvaise ; et si c’était une bonne chose, pourquoi n’ont-ils pas consenti à en faire partie ? Quoi qu’il en soit, aussitôt élus, aussitôt démissionnaires. Puis ont disparu l’un après l’autre les hésitants, les timides qui n’ont pas eu le courage d’être absurdes jusqu’au bout. Ajoutez les arrestations opérées dans son propre sein par l’assemblée de l’Hôtel de Ville, et vous vous expliquerez son embarras. Encore quelques jours, et la Commune cessait, faute de communeux. Donc, au scrutin, citoyens de Paris ! Et les affiches blanches d’annoncer, de remettre et de fixer enfin les élections complémentaires au dimanche 16 avril.

Mais, voilà bien le diable ; s’il y a des élections, il n’y a pas plus d’électeurs que sur la main. Des candidats, on en a trouvé — on trouve toujours des candidats — des bulletins où les noms des candidats sont inscrits, des urnes — non, des boîtes — pour recevoir les bulletins, on a trouvé tout cela, mais des électeurs pour mettre les bulletins dans les boîtes et pour élire les can-