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DÉCADENCE DE PARIS.

Mais quoi ! Paris s’en tiendra-t-il là ? ce serait funeste. Mépriser ne suffit pas, il faut haïr aussi, et agir contre ceux que l’on hait. Il ne suffit pas de déserter les urnes ; c’est dans le doute qu’on s’abstient, nous ne doutons plus, agissons. Se croiser les bras pendant que d’autres font la mauvaise besogne, c’est une façon d’être complice. Songez que depuis plus de deux semaines la fusillade n’a pas cessé, que Neuilly est un cimetière, qu’Asnières est un cimetière, que les maris tombent, que les femmes pleurent, que les enfants souffrent songeons qu’on a dû, hier 18 avril, transformer la chapelle de Longchamps en succursale de l’amphithéâtre des ambulances de la Presse, tant les morts de la journée avaient été nombreux ; songeons à la loi sur les otages, à la loi sur les réfractaires, aux perquisitions, au vol, aux prisons pleines, aux ateliers vides, aux massacres possibles et au pillage certain ; songeons enfin à notre propre honneur compromis, et faisons en sorte que ceux qui sont restés à Paris pendant ces lugubres heures, n’y soient pas demeurés uniquement pour le voir tomber et mourir

LVI.

Ah ! cette fois, Paris, je te mets au défi de rester indifférent ; tu as supporté pas mal de choses ces jours-ci ; on t’a dit : « Tu ne prieras plus, » tu n’a plus prié ; « tu ne liras plus Les journaux qui te plaisent, » tu ne les a plus lus, et tu as continué de sourire, du bout des lèvres,