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LE DOUBLE ASSASSINAT.

nale saisit violemment M. Clément Thomas par le collet de son habit, le secoua à plusieurs reprises, et enfin lui plaça un revolver sur la gorge.

— Avoue, dit-il, que tu as trahi la République.

M. Clément Thomas ne répondit que par un mouvement d’épaules. Alors l’officier se retira.

Le général se trouvait seul et debout devant la muraille.

Qui donna le signal ? On ne sait. Une vingtaine de détonations éclatèrent à la fois. M. Clément Thomas tourna sur lui-même et tomba, la face en avant.

— À ton tour ! dit un des assistants au général Lecomte.

Celui-ci, de lui-même, sortit des rangs, enjamba le cadavre de Clément Thomas, s’adossa au mur, et attendit.

— Feu ! cria un officier.

Il y a une heure, j’ai rencontré rue des Acacias une vieille femme qui offrait pour 3 francs une balle qu’elle avait retirée du plâtre de la muraille, au bout de la rue des Rosiers.

III.

Il est dix heures du soir. Si je n’étais point si las, je me dirigerais vers l’Hôtel de Ville. On dit que la garde nationale s’en est emparée ; le 18 mars continue le 31 octobre. Mais cette journée m’a horriblement fatigué, j’ai à peine la force d’écrire ce que je viens de voir et d’entendre çà et là.