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DÉCLARATION AU PEUPLE FRANÇAIS.

d’hui, nous sommes revenus de bien des illusions, et les plus belles phrases du monde ne sauraient prévaloir sur notre irréconciliable indifférence. Lisons cependant, et commentons.

« Dans le conflit douloureux et terrible qui impose une fois encore à Paris les horreurs du siége et du bombardement, qui fait couler le sang français, qui fait périr nos frères, nos femmes, nos enfants écrasés sous les obus et la mitraille, il est urgent que l’opinion publique ne soit pas divisée, que la conscience nationale ne soit pas troublée. »

À la bonne heure ! je suis tout à fait de votre avis : Il est effectivement très-urgent que l’opinion publique ne soit pas divisée. Mais voyons un peu comment vous vous y prendrez pour obtenir un résultat si désirable.

« Il faut que Paris et le pays tout entier sachent quelle est la nature, la raison, le but de la révolution qui s’accomplit. »

Sans doute ; mais si cela est indispensable aujourd’hui, cela n’était pas moins utile le jour même de la révolution, et nous ne voyons pas bien pourquoi vous nous avez fait attendre si longtemps.

« Il faut enfin que la responsabilité des deuils, des souffrances et des malheurs dont nous sommes les victimes retombe sur ceux qui, après avoir trahi la France et livré Paris à l’étranger, poursuivent avec une aveugle obstination la ruine de la capitale, afin d’enterrer, dans le désastre de la République et de la liberté, le double témoignage de leur trahison et de leur crime. »