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LA PRUDENCE DE FÉLIX PYAT.

« Je doute qu’elle veuille revenir sur son erreur. »

Dame ! c’est que si elle revenait chaque fois qu’elle se trompe, elle n’avancerait guère !

« Mais je crois que les élus n’ont pas le droit de remplacer les électeurs. Je crois que les mandataires n’ont pas le droit de se substituer au souverain. Je crois que la Commune ne peut créer aucun de ses membres, ni les faire, ni les parfaire ; qu’ainsi elle ne peut de son chef fournir l’appoint qui leur manque pour leur nomination légale. »

Oh ! la légalité, Monsieur Félix Pyat, elle est bien démodée, et c’est bon pour Versailles, cela.

« Je crois enfin, puisque la guerre a changé la population… »

Oh ! oui, la guerre a changé la population, sinon comme vous l’entendez, du moins dans ce sens que beaucoup de gens raisonnables, je ne dis pas cela pour vous, sont devenus des fous, et que bien des vivants sont devenus des morts !

« … Je crois qu’il était juste de changer la loi plutôt que de la violer. Née du vote, en se complétant sans lui, la Commune se suicide. Je ne veux pas être complice de la faute. »

Nous comprenons cela ; c’est déjà bien assez d’être complice du crime.

« Je suis convaincu de ces vérités au point que si la Commune persiste dans ce que j’appelle une usurpation du pouvoir électif, je ne pourrais concilier le respect dû