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COLLÉ ET LA COMMUNE.

grand danger, s’attachent à leurs compagnons, en criant chaleureusement : « Mourons ensemble ! » et les embrassent pour qu’ils ne puissent pas s’en aller.

LXV.

Un anonyme, qui n’est autre, dit-on, que le citoyen Delescluze, vient d’imprimer ceci : « La Commune s’est assuré une recette de 600,000 francs par jour, — 18 millions par mois. »

Il y avait, une fois, un faussaire nommé Collé, célèbre par le nombre et l’importance de ses escroqueries, et qui possédait, disait-on, une grande fortune. Quand on l’interrogeait à ce propos, il répondait : « Je me suis assuré une recette de cent francs par jour, — trois mille francs par mois. »

Entre Collé et la Commune, il y a cependant deux différences : la première, c’est que Collé aimait particulièrement le clergé dont il revêtait fréquemment les divers costumes, et que la Commune ne peut pas souffrir les curés ; la seconde différence, c’est que Collé, en s’assurant une recette de trois mille francs par mois, avait fait tout ce qu’il avait pu, tandis que la Commune, qui s’en tient pauvrement à 18 millions, aurait pu s’assurer mieux que cela. Il est prodigieux, et j’ajouterai peu digne d’elle, qu’elle se contente d’une somme aussi médiocre. Ah ! vous êtes trop modeste ! on n’est pas victorieux pour se gêner en tout. 18 millions, une mi-