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LES AFFICHES BLANCHES.

— De nouveau ? je ne sais pas. Ah ! oui, il paraît qu’il y a eu quelque chose hier à Montmartre.

Ceci me fut répondu au centre même de la ville, dans la rue de la Grange-Batelière. Il y a à Paris de ces prodigieux indifférents. Je parie qu’en cherchant un peu on finirait par découvrir dans quelque quartier reculé un homme qui se croit encore gouverné par Napoléon III et qui n’a entendu parler de la guerre avec la Prusse que comme d’une éventualité improbable.

Sur les boulevards, peu d’agitation. Des enfants crient des journaux. Je n’aime pas à être renseigné par les feuilles publiques. Si impartial, si sincère que soit un reporter, il ne peut présenter les faits que d’après la façon dont il en a été impressionné. Or, il m’est presque impossible d’évaluer l’importance d’un fait d’après des impressions étrangères.

Je me suis dirigé vers la rue Drouot, prévoyant des affiches. Que d’affiches, en effet ! et des affiches blanches, s’il vous plaît ! Ceci indiquait que Paris avait un gouvernement, le blanc étant la couleur officielle, même sous la République rouge.

J’ai pris un crayon et j’ai copié à la hâte les proclamations de nos nouveaux maîtres. Je crois que j’ai agi prudemment. Tout est si vite oublié, les proclamations et les hommes ! Où sont les affiches d’antan ?