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DU COMITÉ CENTRAL.

« Citoyens, les habitants de Montmartre et de Belleville ont gardé les canons qu’on voulait leur prendre. »

Mais cela n’aurait pas eu l’air d’une proclamation. Chose extraordinaire ! on a beau bouleverser le pays tout entier, le style officiel demeure inébranlable. On triomphe des gouvernements, on ne peut pas triompher des lieux communs. Continuons à lire :

« Calme, impassible dans sa force, il a attendu, sans crainte comme sans provocation, les fous éhontés qui voulaient toucher à la République. »

La République ? encore une expression impropre : c’est aux canons qu’on voulait toucher.

« Cette fois, nos frères de l’armée… »

Ah ! vos frères de l’armée ! Ce sont vos frères parce qu’ils ont levé la crosse en l’air. Dans ces familles-là, on n’est parent que lorsqu’on est du même avis.

« Cette fois, nos frères de l’armée n’ont pas voulu porter la main sur l’arche sainte de nos libertés. »

Allons, bon ! les canons sont « l’arche sainte » à présent ! Métaphore bien biblique d’ailleurs pour des gens qui ne doivent pas aimer les calotins.

« Merci à tous, et que Paris et la France jettent ensemble les bases d’une République acclamée avec toutes ses conséquences, le seul gouvernement qui fermera pour toujours l’ère des invasions et des guerres civiles.

« L’état de siège est levé.

« Le peuple de Paris est convoqué dans ses sections