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LES MOYENS DOUX.

— C’est bien ennuyeux. Moi qui, justement, suis obligé de me trouver à Saint-Denis, mardi soir ! Je donnerais vingt francs de ma poche pour faire une petite promenade de l’autre côté de la porte.

— Dame ! il y aurait bien un moyen.

— Lequel ? lequel ?

— Vous ne tenez pas précisément à sortir par la porte ?

— Oh ! mon Dieu, non ; être dehors, c’est tout ce que je demande.

— Eh bien, écoutez-moi : venez du côté de La Chapelle mardi soir, et promenez-vous le long du rempart ; je tâcherai d’être de faction vers huit heures. Vous me reconnaîtrez, vous viendrez à moi, et je ne crierai pas : Qui vive !

— Jusque-là c’est très-simple ; mais après ?

— Après ? je vous passe sous les bras une forte corde que vous avez apportée…

— Ah ! diable !

— Je vous jette dans le fossé…

— Sapristi !

— Mais là, bien doucement, sans vous faire de mal. Je vous laisse glisser le long du mur…

— Aïe !

— Vous atteignez le sol et, en deux bonds, vous disparaissez dans la nuit. Que dites-vous de ma proposition ?

— Je dis, je dis que j’aimerais mieux sortir en voiture ; mais n’importe, j’accepte.

D’ordinaire, ce plan s’exécute sans encombre. On dit que les fédérés de Belleville et de Montmartre font un joli petit revenu au moyen de ces évasions