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NOUVELLES ET RUMEURS.

— Vive la Commune ! répondent les insurgés.

La barricade est achevée. Ils s’attendent à être attaqués d’un moment à l’autre.

— Toi, me dit un sergent, tu peux filer, si tu tiens à ta peau.

Je ne me fais pas prier pour obéir à cet avertissement. Je reviens sur mes pas, le boulevard est moins solitaire. Quelques groupes devant les portes. Il paraît certain que les troupes de l’Assemblée ont remporté des succès depuis leur entrée. Les fédérés, surpris par la brusquerie et la multiplicité des attaques, ont lâché pied d’abord. Mais la résistance s’organise. Ils tiennent bon sur la place de la Concorde. Place Vendôme, ils sont nombreux et disposent d’une formidable artillerie. Montmartre tire avec fureur. Je suis la rue Vivienne ; je rencontre quelques personnes en quête de nouvelles et à qui j’en demande. « Deux bataillons du faubourg Saint-Germain sont allés au-devant des troupes, la crosse en l’air. C’est un capitaine de la garde nationale qui, le premier dans ce quartier, a arboré le drapeau tricolore. Un obus a mis le feu au Ministère des finances, mais les pompiers, sous la mitraille, ont éteint ce commencement d’incendie. » Place de la Bourse, deux ou trois cents fédérés élèvent une barricade ; instruit pur l’expérience, je presse le pas, pour éviter la corvée des pavés. Dans les rues voisines, I ès-peu de monde ; Paris se cache. La canonnade est de plus en plus furieuse. Je traverse le jardin du Palais-Royal. Là, quelques promeneurs ; un groupe de petites filles saute à la corde. La rue de Rivoli est pleine de mouvement. Un bataillon défile au pas de course, venant de l’Hôtel de Ville. À sa tête, un homme