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CAUSES DE L’HÉSITATION.

le pouvoir. Paris s’abandonne-t-il lui-même au point de ne pas résister à cette usurpation ? Non, certes ; il exècre le crime, il n’approuve pas l’expulsion du gouvernement de la République, et il ne reconnaît pas aux membres du Comité central le droit de lui imposer leurs volontés. Pourquoi donc reste-t-il immobile et patient ? Ne craint-il pas qu’on lui applique le proverbe : Qui ne dit mot consent ? D’où vient que moi-même, au lieu d’écrire sur ces feuilles volantes mes impressions passagères, je ne prends pas un fusil pour punir les criminels, et résister au despotisme ? Ah ! c’est que la situation, nous le sentons tous, est singulièrement complexe. Le gouvernement qui s’est retiré à Versailles a commis de telles fautes, qu’il est difficile de se ranger de son parti sans arrière-pensée. La faiblesse, la maladresse qu’ont montrées pendant le siège la plupart de ceux qui le composent, leur opiniâtreté à demeurer sourds aux vœux légitimes de la capitale, nous ont mal disposés à défendre un état de choses qu’il nous était impossible d’approuver sans réserve. En somme, ces révolutionnaires inconnus, coupables à coup sûr, mais sincères peut-être, revendiquent pour Paris des droits que Paris presque tout entier est porté à réclamer. Il nous est impossible de ne pas reconnaître que les franchises municipales sont désirées et désormais nécessaires. Voilà pourquoi, bien qu’épouvantés par les excès qu’ont déjà commis et que commettront encore les dictateurs du 18 mars, bien que révoltés à la seule idée du sang qui a coulé et qui coulera encore, — voilà pourquoi nous demeurons sans prendre parti. Les torts anciens du gouvernement légitime de Versailles refroidissent notre zèle