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ÉPISODES.

« Rendez-vous, vous aurez la vie sauve. » Ils répondirent : « Nous nous rendons. » Mais l’un d’eux tira un coup de revolver sur un officier et le blessa à la jambe. Alors les soldats prirent les sept insurgés, les jetèrent dans la tranchée d’une maison en construction, et, d’en haut, les « canardèrent comme des lapins. » Un autre homme raconte qu’il a vu un enfant mort au coin de la rue de Rome ; « une bien jolie tête, dit-il, et la cervelle parterre, à côté de lui. » Un troisième dit : « Sur la place Saint-Pierre, tout était fini, on entend un coup de feu, et un capitaine des chasseurs tombe mort. Le commandant, qui était là, lève les yeux et voit un homme qui essaie de se cacher derrière une cheminée ; les soldats s’élancent, ils l’empoignent et l’amènent sur la place. Que fait l’insurgé ? Il s’approche du commandant, sourit et lui donne un soufflet. Le commandant le colle contre un mur et lui brûle la cervelle d’un coup de revolver. » Un autre insurgé, arrêté, fait un pied de nez aux soldats : on le fusille. Mais, sur les autres points de Paris, les opérations militaires ont été moins heureuses. Au faubourg Saint-Germain, l’armée avance très-lentement, si elle avance. Les fédérés se battent avec une héroïque brutalité ; des coins de rue, des fenêtres, des balcons partent des coups de feu, rarement inutiles. Cette sorte de guerre fatigue les soldats que la discipline n’autorise pas à y répondre par des manœuvres analogues. À Saint-Ouen, également, la marche des troupes est arrêtée ; la barricade de la rue de Clichy tient bon et tiendra longtemps. Mais dans mon quartier, l’avantage des Versaillais est évident, la barricade du carrefour Drouot a été enlevée. On résiste encore cà et là, mais en fuyant.