Page:Mendès - Les 73 journées de la Commune, 1871.djvu/38

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

26
PARIS ESPÈRE.

surrection, désirent également le rétablissement du pouvoir légitime et le développement des libertés municipales — nous sommes résolus à suivre où ils nous conduiront nos députés et nos maires. Ils représentent en ce moment la seule autorité légale qui nous semble avoir équitablement apprécié les difficultés de la situation, et si, tout espoir de conciliation étant perdu, ils nous disaient de prendre les armes, nous les prendrions.

VIII.

Ce soir, 21 mars, Paris a je ne sais quel air de contentement ; il espère, il espère dans les députés et les maires, il espère même dans l’Assemblée nationale. On parle de la manifestation des amis de l’ordre, on l’approuve. Un étranger, un Russe, M. A. J., habitant Paris depuis dix ans et par conséquent Parisien, m’offre les renseignements suivants dont je prends note à la hâte :

« Aujourd’hui, à une heure et demie, un groupe dont je faisais partie s’est formé place du Nouvel-Opéra. Nous étions vingt personnes à peine, nous avions un drapeau sur lequel était écrit : « Réunion des amis de l’ordre. » Ce drapeau était porté par un soldat de la ligne, employé, disait-on, de la maison Siraudin. Nous avons monté les boulevards jusqu’à la rue Richelieu ; sur notre passage les fenêtres s’ouvraient ; on criait : « Vive l’ordre ! vive l’Assemblée nationale ! à bas la Commune ! » Très-peu nombreux au départ, nous fûmes bientôt trois cents puis cinq cents, puis mille. Notre troupe suivit