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OPINIONS DE QUELQUES FÉDÉRÉS.

117e bataillon, dont une partie est affiliée au Comité central, sont venus, en passant comme par hasard, causer avec nos avant-postes. La guerre civile à outrance ne paraît pas leur plus ardent désir. Quelques-uns disaient :

— On a battu la générale, je suis venu. On me donne la solde, j’obéis.

Étaient-ils sincères ? Venaient-ils pour se rallier ou pour nous épier ? D’autres, plus résolus ou moins sournois, disaient franchement :

— Nous voulons la Commune : nous l’aurons à tout prix.

Mais ceux-là étaient peu nombreux. Si la majorité des insurgés pense comme le petit nombre qui est venu lier conversation avec nous, on peut croire, sans se faire trop d’illusions, qu’une entente est devenue possible. On vient de me raconter un incident qui confirme cette espérance :

Le Comptoir d’escompte était occupé par un poste de fédérés. Une compagnie du IXe arrondissement, restée fidèle au Gouvernement, vint pour les relever de garde.

— Vous êtes là depuis deux jours ; allez vous reposer.

Ils refusèrent de céder la place.

— Nous sommes du quartier ; vous êtes de Belleville ; c’est à nous de garder le Comptoir d’escompte.

Ils ne voulurent rien entendre.

— Allez vous-en : on vous donnera 100 francs.

Ils ne se le firent pas répéter deux fois, acceptèrent l’argent et partirent. Des gens dont on peut acheter la conscience à raison de 2 francs par tête, — car ils étaient cinquante, — n’ont pas des convictions politiques bien formidables. J’oubliais de noter que ce poste de fédérés était