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PARIS A EU TORT D’ÊTRE CONTENT.

XVI.

Dans la maison que j’habite, il y a, au rez-de-chaussée, un atelier de tapisserie. Avant-hier le patron est sorti pour rapporter de l’ouvrage, et ce matin il n’était pas encore rentré. Inquiète, sa femme l’a cherché par toute la ville. On vient de le trouver, tué, à la Morgue. On raconte qu’il a reçu une balle dans la tête, l’autre jour, rue de la Paix : il passait là par hasard. Le Journal officiel de Paris, au contraire, affirme que ce pauvre homme, nommé Wahlin, est un des gardes nationaux assassinés par les revolvers de la manifestation. Où est la vérité ? Le plus clair c’est qu’on l’enterrera demain et que sa femme est veuve.

XVII.

Que signifie tout ceci ? Qui a-t-on voulu tromper, et qui est le trompeur ? Nous attendons en vain l’effet des promesses du vice-amiral Saisset. Quand il a, officiellement, annoncé que l’Assemblée avait cédé aux justes prières des maires et des députés, a-t-il pris sur lui de faire passer ses espérances pour des faits accomplis ? Ce qu’il y a de certain, c’est que le Gouvernement ne fait aucune concession, c’est qu’il n’y a eu en somme qu’une proclamation de plus, et que le commandant provisoire de la garde nationale nous a induits en erreur — dans une intention honorable, peut-être — ou qu’il a été déçu