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HISTOIRE D’UN DÉMÉNAGEMENT.

de l’Hôtel de Ville brillamment éclairées. « Oh ! oh ! s’est-il dit, un bal, déjà ? » Il s’est informé. Ce n’était pas un bal, c’était mieux que cela. Trois ou quatre cents gardes nationaux de Belleville avaient envahi les salons de l’Hôtel et s’y étaient fait servir à souper. Ils avaient auprès d’eux leurs compagnes, légitimes ou non. On buvait, on riait, on chantait. Qu’entendez-vous par là, messieurs de la Commune ? Avez-vous été élus pour tenir table, et vous disposez-vous à faire écrire sur la façade de l’édifice municipal : « Salons pour noces et festins » au dessous de Liberté, Égalité, Fraternité ?

XXIII.

— Vous ne sortirez pas !

— Je sortirai.

— Vous, oui ; les meubles, non.

— Et qui m’empêchera d’emporter mes meubles ?

— Moi !

— Allons donc !

— Filou !

— Voleur !

Et les injures de redoubler. À la porte, une voiture de déménagement déjà remplie, tout autour cinquante commères glapissant à qui mieux mieux, et les gens du quartier se tordant aux fenêtres, et les passants riant à gorge déployée.

C’était un partisan de la Commune qui profitait du décret. D’abord les choses s’étaient passées assez pacifiquement. Le concierge, surpris par l’arrivée de la