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Page:Mendès - Les Oiseaux bleus, 1888.djvu/132

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LE CHEMIN DU PARADIS

à présent qu’on me l’a prise, je n’ai plus souci des triomphes ni de mon nom fameux par toute la terre ; à quoi bon cueillir des fleurs que ne baisera pas une bouche adorée ? et je ne prends plus d’intérêt à aucune chose dans ce monde. Vous pouvez vous clore, tristes yeux qui ne verrez plus Guillelmine !

Ayant achevé de parler, il monta sur l’appui de la fenêtre, et se laissa tomber vers le précipice de pierres.

Mais, depuis un instant, trois hirondelles s’étaient posées non loin de là sur la branche d’un acacia en fleur ; battant des ailes et trissant dans le remûment du feuillage, elles n’avaient pas perdu un mot du discours d’Aymeri, malgré leur air de n’y pas prendre garde.

— N’est-ce point grand dommage…

— Qu’il y ait tant de chagrin…

— Dans un si jeune cœur ?

— Et qu’il y ait tant de larmes…

— Tant de larmes amères…

— Dans de si jolis yeux ?

Que ces oiseaux parlassent, cela n’avait rien