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Page:Mendès - Les Oiseaux bleus, 1888.djvu/134

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LE CHEMIN DU PARADIS

Aymeri fut bien étonné de ne pas être mort, et il se montra ravi quand il sut où on le conduisait ; il se confondit en remercîments, ce qui ne déplut pas à ses sauveurs ; il est toujours agréable, lorsqu’on oblige quelqu’un, de ne pas rencontrer de l’ingratitude. Au-dessus des maisons et des palais, plus haut que les platanes des jardins et que les sapins des collines, les envolés traversaient l’azur, la lumière, les nuées ; ils allaient si vite, que le vent, malgré son envie de les suivre, fut obligé d’y renoncer et s’arrêta derrière eux en soufflant.

Mais, bientôt, quand la ville eut disparu, là-bas, dans le brouillard, Aymeri fut pris d’une inquiétude.

— Beaux anges, demanda-t-il, vous ne vous trompez pas de route au moins ?

À ces mots, ils ne purent s’empêcher de rire.

— Crois-tu donc, enfant…

— Que nous ne connaissons pas…

— Le chemin du paradis ?

Aymeri, un peu honteux, répondit :

— Pardonnez-moi, beaux anges. Je vous