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Page:Mendès - Les Oiseaux bleus, 1888.djvu/149

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LES OISEAUX BLEUS

La renommée de tant de richesse et de largesse se répandit si loin qu’elle parvint jusqu’au pays des Fées ; l’une d’elles, — celle qui était apparue en robe de brocart dans la grange ouverte à tous les vents, — forma le projet de rendre visite à ses protégés afin de voir de près le bonheur qu’elle leur avait donné et de recevoir leurs remerciements.

Mais quand elle entra, vers le soir, dans la chambre somptueuse où le duc et la duchesse venaient de se retirer, elle fut étrangement surprise ; car, loin de témoigner de la joie et de la remercier, ils se jetèrent à ses pieds, les yeux pleins de larmes, en sanglotant de douleur.

— Est-il possible, dit la fée, et qu’est-ce que je vois ! N’êtes-vous point satisfaits de votre sort ?

— Hélas ! madame, nous sommes tellement malheureux que nous allons mourir de chagrin si vous ne prenez pitié de nous.

— Quoi ! Vous ne vous trouvez pas assez riches ?

— Nous ne le sommes que trop !