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Page:Mendès - Les Oiseaux bleus, 1888.djvu/173

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LES OISEAUX BLEUS

tres hommes, de la chair des bêtes tuées, ni des légumes nés du limon. Octroyez-moi de m’en aller chez les fées, et, si elles me convient à leurs repas, je mangerai à ma faim et reviendrai plein de santé.

Qu’eussiez-vous fait, à la place du roi ? Puisque le jeune prince était sur le point de mourir, c’était une façon de sagesse que de consentir à sa folie ; son père le laissa donc partir, n’espérant plus le revoir.

Comme le royaume était près de la forêt de Broceliande, l’enfant n’eut pas beaucoup de chemin à faire pour se rendre chez les fées ; elles l’accueillirent fort bien, non point parce qu’il était le fils d’un puissant monarque, mais parce qu’il se plaisait à écouter le chant des rossignols quand la lune se lève et à regarder, accoudé au balcon, les lointaines étoiles. On donna une fête en son honneur dans une vaste salle aux murs de marbre rose, qu’éclairaient des lustres en diamant ; les plus belles des fées, pour le plaisir de ses yeux, dansaient en rond, se tenant par la main, laissant traîner des écharpes. Il éprou-