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Page:Mendès - Les Oiseaux bleus, 1888.djvu/209

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IV

Or, une fois qu’il rêvait sous les branches, la méchante Fée voleuse l’aperçut et l’aima. On n’est point fée pour se gêner en tout : plus vite qu’un papillon ne baise une rose, elle lui mit ses lèvres aux lèvres ! et le poète, si occupé qu’il fût de son ode, ne laissa point de trouver exquise cette caresse. Dans les profondeurs de la terre s’ouvrent des grottes de diamants bleus et roses, s’épanouissent des jardins de lys lumineux comme des étoiles ; c’est là qu’en un char d’or attelé de taupes ailées qui fendaient le sol en volant, furent entraînés le poète et la Fée, et très longtemps ils s’y aimèrent, oublieux de tout ce qui n’était pas leurs baisers et leurs sourires. S’ils cessaient un instant d’avoir leurs bouches unies ou de