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Page:Mendès - Les Oiseaux bleus, 1888.djvu/211

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LES OISEAUX BLEUS

donc qui t’attriste, et que peux-tu désirer encore, au milieu de nos plaisirs, toi qui es toute-puissante, toi qui es belle ? » Elle ne répondit pas d’abord. Mais, comme il insistait : « Hélas ! soupira-t-elle, — on finit toujours par souffrir du mal que l’on a fait, — hélas ! je suis triste parce que jamais tu ne m’as dit : Je vous aime. » Il ne prononça point la parole, mais il poussa un cri de joie, d’avoir retrouvé la fin de son poème ! La Fée voulut en vain le retenir dans les grottes de diamants bleus et roses, dans les jardins de lys lumineux comme des étoiles : il revint sur la terre, acheva, écrivit, publia l’ode où les hommes et les femmes du triste pays retrouvèrent à leur tour les divins mots perdus. Si bien qu’il y eut, comme autrefois, des rendez-vous dans les venelles, de tendres causeries aux fenêtres conjugales. C’est à cause des vers que les baisers sont doux, et les amoureux ne se disent rien que les poètes n’aient chanté.