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Page:Mendès - Les Oiseaux bleus, 1888.djvu/233

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LES OISEAUX BLEUS

consolatrice charme les corps et les cœurs las.

— Que je sois, dit Myrtile, les cordes du violon d’un vieux ménétrier ! Car, bien plus que des habits dorés remplaçant des haillons, et que la fuite des nuages menaçants, et que le retour au logis des enfants perdus, la chanson qui fait danser est bonne aux misérables.

— Que je sois, dit Caricine, la belle fille bohème des carrefours, qui offre aux passants son rire et ses baisers ! Car, c’est dans le libre amour, fou, changeant, hasardeux, sans déceptions ni regrets, que l’homme oublie l’ennui ou le désespoir de vivre.

Depuis ce temps, Abonde rit dans les verres pleins sur la table des cabarets, et Myrtile fait danser les noces paysannes sous les arbres de la grande place ou dans la cour des auberges ; elles sont heureuses, les bonnes fées déchues, de la joie qu’elles donnent, mais jalouses aussi, jalouses de Caricine, parce qu’elles savent bien que c’est elle qui fait la meilleure charité.