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Page:Mendès - Les Oiseaux bleus, 1888.djvu/238

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LE RAMASSEUR DE BONNETS

plus grand plaisir que de bafouer les gens ; il ne faut pas toujours s’en fier à sa parole. Mais, après réflexion, je fus contraint d’admettre qu’un tel métier pouvait exister ; même il serait tout à fait inexplicable qu’il n’existât point. Car, enfin, en vous promenant derrière les moulins, ou dans les sentiers environnants, avez-vous jamais vu des bonnets, répondez-moi ? Non, vous n’en avez jamais vu. J’entends : par terre. Pour ce qui est d’en apercevoir sur les cheveux bruns ou roux, ébouriffés des belles filles qui passent, il n’y a rien de plus fréquent, grâce à Dieu. Mais des bonnets tombés sur l’herbe, ou accrochés aux branches, on n’en remarque point. Il est cependant avéré qu’il s’en envole chaque jour, — et chaque nuit, — un nombre considérable, et l’on marcherait à tout instant sur des ruches, des dentelles ; des blondes, — comme un méchant oiseleur piétinerait des colombes, — si quelqu’un ne ramassait pas les bonnets ! Vraiment, je fus très penaud de n’avoir pas pensé depuis longtemps à la nécessité de cette fonction ; je l’aurais peut-être sollicitée, — bien qu’il doive