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Page:Mendès - Les Oiseaux bleus, 1888.djvu/321

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LES OISEAUX BLEUS

pour affronter le perfide enchanteur, vous qu’avait lâchement frappés, de loin, un invisible adversaire, combien Roland, dans son âme, vous plaignait et vous honorait ! Combien il souffrirait d’entendre, sous les sabots de son cheval, craquer vos os sans sépulture ! En même temps, une colère lui venait, terrible ; et le devoir de vous venger l’emporta sur l’instinct de vous respecter. Il piqua des deux, Durandal au poing ! Alors, là-bas, d’entre les pierres, une lueur pétilla dans un fracas rude qui roula d’écho en écho ; un sifflement effleura l’oreille du cavalier. Le sorcier se servait de sa traîtresse invention. Mais il n’eut pas le loisir d’en user une seconde fois. Sous la poussée de Roland, qui était descendu de cheval, une porte grinça, geignit, cria, bâilla parmi un écroulement de pierres, et, saisi à la gorge, étranglé, crachant son âme dans un blasphème, l’enchanteur tomba sur les dalles, à côté de son arme inutile, tandis que le preux, à peine essoufflé, souriait, content de lui. Pendant ce temps les corbeaux s’envolaient de la tourelle qui s’illumina de