Aller au contenu

Page:Mendès - Les Oiseaux bleus, 1888.djvu/35

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
20
LES OISEAUX BLEUS

aigles féroces, aux serres de fer, aux becs de fer ? Ils auraient bientôt fait de mettre en pièces, fût-il le plus fort et le plus courageux des vivants, celui qui serait assez insensé pour s’approcher d’eux.

Amarante avait déjà cassé, d’une main furieuse, la tige du plus proche rosier !

— De quoi vous mêlez-vous, mademoiselle ?

Puis, se tournant vers le prince :

— Je pensais, seigneur, que vous étiez déjà parti.

Il s’inclina et s’éloigna d’un pas rapide. Telle était sa bravoure, tel était surtout son désir de mériter la récompense promise, qu’il triompha des mille aigles féroces. Peu de jours s’étant écoulés, — la montagne était peut-être moins éloignée qu’on ne le croyait, — il reparut, ayant sur le poing comme un faucon familier le merveilleux oiseau fait de pierreries vivantes. La princesse, avec un air de dédain, déclara que la petite bête ailée ne valait pas la réputation qu’on lui avait faite. Cependant elle consentit à la caresser, deux ou trois fois. Mais la cruelle oublieuse ne donna pas son ongle rose