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Page:Mendès - Les Oiseaux bleus, 1888.djvu/351

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LES OISEAUX BLEUS

ce n’était pas un paysan, ni l’un des seigneurs des châteaux voisins, mais le roi lui-même qui, revenant cette nuit-là d’une chasse où il s’était égaré avec quelques courtisans, avait fait halte devant la ferme pour voir comment se divertissent les gens de la campagne. À l’aspect de Martine, il demeura ébloui, — jamais il n’avait admiré à la cour une princesse aussi belle que cette fillette des champs, — et il devint tout pâle tandis qu’elle devenait toute rose. Après un silence, où ils achevèrent de s’éprendre l’un de l’autre à un point qu’on ne saurait dire, le roi n’hésita pas à s’écrier que son cœur était fixé pour toujours, qu’il n’aurait point d’autre femme que cette exquise bergère. Il ordonna qu’on fît approcher un carrosse où elle prendrait place pour venir à la cour. Hélas ! Martine, délicieusement émue, ne put s’empêcher de monter dans la royale voiture ; en même temps, elle avait le cœur bien gros en songeant à l’ange gardien qui se mourait dans la chaumière, qui était peut-être mort, maintenant.