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Page:Mendès - Les Oiseaux bleus, 1888.djvu/365

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LES OISEAUX BLEUS

Comme elle s’en allait, ne sachant ce qu’il adviendrait d’elle, elle remarqua une femme qui portait dans les bras une corbeille pleine de blé et poussait, pour entrer, la porte d’une grange. « Ah ! madame, dit-elle, si vous me gardez avec vous et si vous me protégez, vous n’aurez point sujet de vous en repentir ; les fées, comme les lutins, s’entendent mieux que personne à démêler les bons grains d’avec la fâcheuse ivraie, et à vanner, même sans van. Vraiment, vous aurez en moi une servante qui vous sera très utile et vous épargnera beaucoup de peine. » La femme n’entendit point ou feignit de ne pas entendre ; elle poussa tout à fait la porte et jeta le contenu de sa corbeille sous les cylindres d’une machine qui nettoie le blé sans qu’on ait besoin des lutins ni des fées. Oriane, un peu plus loin, rencontra sur le bord d’une rivière des hommes qui se tenaient immobiles autour de ballots énormes, et il y avait, près du bord, une navire ; elle pensa que ces gens ne savaient comment s’y prendre pour embarquer leurs marchandises. « Ah ! messieurs, dit-elle, si vous me gar-