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Page:Mendès - Les Oiseaux bleus, 1888.djvu/53

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LES OISEAUX BLEUS

de diverses choses, des vertus, des pudeurs, trouvées sur des coussins de fiacre, oubliées dans des chambres d’hôtels garnis, tombées dans le ruisseau de quelque ruelle où les ramassa, avec d’autres innocences avilies, le crochet de quelque chiffonnier ; il y avait aussi des virginités d’enfant jetées à la concupiscence ignoble des vieux, et que, le lendemain, avaient balayées vers le tas d’ordures, la servante des entremetteuses ! Mais l’honnête employé ne put mettre la main sur le respect et sur l’adoration qu’avaient perdus l’Amour et la Beauté ; et il revint vers son guichet, et il dit : « Vous savez, vous pouvez en faire votre deuil, nous n’avons pas ce qu’il vous faut. »


Alors la Beauté et l’Amour montrèrent la plus extrême désolation. À quoi cela lui servirait-il, à elle, d’être le charme et l’éblouissement des yeux ; à quoi cela lui servirait-il, à lui, d’être l’unique dispensateur des seules ivresses, si l’estime et la ferveur des âmes s’écartaient d’eux désormais ? Ils étaient des dieux méprisés par leurs prêtres ! On con-