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LES OISEAUX BLEUS

pieds nus ; je suis un pauvre enfant qui mendie sur les chemins.

— N’importe ! il ne peut manquer d’être aimé, celui qui aime sincèrement ; c’est la loi éternelle et douce. Le roi et la reine te repousseront avec mépris, les courtisans feront de toi des risées, mais si ta tendresse est véritable, Roselinde en sera touchée, et, un soir que, d’avoir été chassé par les valets et mordu par les chiens, tu pleureras dans quelque grange, elle viendra, rougissante et heureuse, te demander la moitié de ton lit de paille.

L’enfant secoua la tête ; il ne croyait pas qu’un tel miracle fût possible.

— Prends garde ! reprit la fée ; l’Amour n’aime pas que l’on doute de sa puissance, et il se pourrait que tu fusses châtié d’une façon cruelle à cause de ton peu de foi. Cependant, puisque tu souffres, je veux bien venir à ton aide. Fais un vœu, je l’exaucerai.

— Je voudrais être le plus puissant prince de la terre, afin d’épouser la princesse que j’adore.

— Ah ! que ne vas-tu, sans te troubler d’un