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Page:Mercier - Néologie, 1801, tome I.djvu/20

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rirait d’un tribunal qui vous dit : je vais fixer la langue. Arrête, imprudent ! tu vas la clouer, la crucifier.

Ces petits magistraux ne connaissent ni les desseins de la nature, ni les destinées de l’homme, car c’est à lui de créer la parole, et la parole envahit tous les mots ; elle composera un jour la langue universelle : la parole, enfin, ne dépend que d’elle-même[1].

  1. Revêtu du sacerdoce littéraire, et même costumé, je puis faire l’eau lustrale, la distribuer à longs jets, pontifier comme un autre, et sacramenter des mots : j’userai de mon droit, et ne serai point sacrilège. J’aurai même pour cet office solemnel, des évêques suffragans, diacre, archidiacre, acolyte ; ainsi rien ne manquera à la consécration ; et si l’on dit qu’elle n’est pas bonne, eh bien ! je pontifierai toujours dans mon église, dont j’élargirai peu à peu les murailles ; et, priant pour ceux qui me damnent, j’en appellerai au futur concile.

    Balesdent-Morellet, ou Morlaux, ou Morlet (car on ne sait pas encore comment s’écrit au juste le nom de cet illustre auteur), a prétendu qu’il n’y avait que lui et les siens pour faire un Dictionnaire de la langue. Je veux venger ici venger l’Institut national qu’il a outragé. Je dirai que Morellet-Balesdent avait entrepris, à ma connaissance, un Dictionnaire du Commerce, qui fut si longtemps annoncé, prôné, payé, sans jamais