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Page:Mercier - Néologie, 1801, tome I.djvu/82

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qu’un mortel n’y puisse toucher, et qu’il n’agisse comme le temps, qui les recompose, s’il les décompose. Le Dialecte national, par qui a-t-il été fait ? par la masse entière des écrivains. C’est donc aux écrivains, c’est-à-dire à chacun d’eux en particulier que l’idiome appartient. D’où naît l’élocution ? du concours, du concert immense de tous les auteurs. C’est de cette voix large qui n’en fait bientôt plus qu’une, que sort tout vocabulaire ; ce qu’on appelle innovations, hérésies, se fond dans le dogme, et les novateurs deviennent orthodoxes.

On réclame un sénat conservateur de la langue française ; mais si ce sénat ne fesait dans la république des lettres que choyer ses intérêts, ses propres écrits, et sur-tout conserver ses prééminences, où en serions-nous ? Ne vaudrait-il pas mieux tout de suite un indépendant qui nous dise avec Horace, qu’il sera toujours permis d’introduire un terme nouveau, pourvu qu’il soit marqué au coin du langage actuel, et conforme à l’analogie ?

.......... Licuit semperque licebit,
Signatum præsente notâ producere nomen
.

J’avouerai qu’il y a, en fait de langue,