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Page:Mercier - Néologie, 1801, tome I.djvu/84

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d’en corrompre, d’en altérer un ancien ?

L’autorité législative résidera dans l’homme qui fera adopter ses néologies. Qu’il fasse ou qu’il ne fasse pas un Vocabulaire comme celui-ci, si l’usage consacre ses expressions, si, plus heureux, il se fait lire, tous les journalistes, puristes du monde[1], ne paraîtront plus alors devant lui que

  1. Ceux de nos jours sont, en général, de petits bégayeurs, faits tout au plus pour parler de versiculets ; quand il paraît un ouvrage substantiel, ils ne savent ni le lire, ni le juger. Lorsque Le Joyand est venu foudroyer le philosophisme des abstractions, des figures et des nombres, dont le seul Descartes avait fixé la juste valeur, et dont certains géomètres depuis, et malgré ce grand homme, ont voulu faire dominer exclusivement la manie, qu’ont-ils dit ? de pauvres injures ! C’est au préjudice des principes physiques, naturels, et de la voix éclatante de l’univers, que ce philosophisme, à l’aide d’innombrables suppositions, est venu désorganiser la nature. Voilà le délit des savans qui ont attaché aux mathématiques l’exclusif privilège d’une certitude démonstrative. Nous ferons bientôt justice de cette absurde et ténébreuse folie. Quand elle a réalisé des idées abstraites, elle les prend ensuite pour l’essence même des choses. Ce qui n’est qu’instrument, le philosophisme l’appelle science.