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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome I, 1782.djvu/106

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trouver presque mal. Qu’il est doux de lui voir répandre des larmes sur les infortunes d’autrui ! Il n’y a point d’ame plus sensible, plus douce, plus aimante ; elle ne vivra, elle ne respirera que pour moi ; elle chérira ses devoirs, & je serai le plus fortuné des maris.

Cléon épouse. Au bout de six mois Cléon rencontre le même Damis, & ne lui dit rien de sa femme : Damis apprend que cet ange marié, qui n’a plus besoin de se contraindre, a remplacé la modestie par la fierté, la timidité par la hardiesse, & que si elle rougit encore quelquefois, c’est d’orgueil ou de dépit : il apprend qu’elle a déjà son appartement séparé ; qu’elle est en société avec la marquise, la baronne, la présidente ; qu’elle a pris leurs maximes hautaines & dédaigneuses ; qu’elle persiffle son mari, & qu’à la moindre contradiction elle s’emporte & le peint comme un jaloux, un brutal, un avare.

Elle ne se leve qu’à deux ou trois heures