Aller au contenu

Page:Mercier - Tableau de Paris, tome I, 1782.djvu/115

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 94 )

parut d’abord dédaigner leurs offres ; il lui falloit des étoffes plus rares & plus précieuses.

Le lendemain, son valet-de-chambre, son complice, alla trouver les marchands éconduits, & faisant le portrait le plus séduisant de son maître, parla de son crédit, de sa fortune, de ses relations étendues, & le représenta comme pouvant enrichir les maisons avec lesquelles il traiteroit.

On est si peu accoutumé à entendre les valets parler bien de leurs maîtres, que l’on conçut un grand respect pour le faux baron. On lui apporta les marchandises les plus rares ; il n’eut qu’à choisir dans les boutiques des magasiniers.

Par réflexion tout lui convenoit, parce que, disoit-il, ayant reçu de nouvelles commissions, tous ces objets ne devoient passer que par ses mains, étant destinés pour les pays étrangers.

Des revendeurs & des revendeuses, toujours prompts à favoriser la friponnerie & à effacer les traces du vol, achetèrent à vil prix