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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome I, 1782.djvu/117

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votre bourse ; vous vous en appercevez, vous criez : il reste auprès de vous sans témoigner la moindre émotion ; la montre & la boîte ont déjà passé dans d’autres mains. Le filou se met à déclamer hautement contre le peu de sûreté qui regne dans les assemblées.

Quand on fait la visite chez l’un de ces drôles-là, on lui trouve cinquante-six montres, trente tabatieres, vingt étuis ; c’est une boutique de la foire. Il n’en veut qu’aux bijoux ; il laisse le vol des mouchoirs à ces petits misérables, qu’on tolere d’abord, pour les enrégimenter ensuite comme mouchards. Pour lui, il est chef d’une horde qui agit sans violence dans les parterres des spestacles & sur-tout à la sortie.

Quelquefois dans la rue, un de ces filoux se met à courir de toutes ses forces, vient à votre rencontre, se précipite dans vos bras ; vous le recevez pour n’être pas renversé du coup. Il vous fait mille excuses, vous lui répondez avec politesse, & pendant ce mouvement rapide il a tiré votre