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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome I, 1782.djvu/202

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partiennent tous à la génération présente, & non à celle qui doit suivre. Que la génération présente use des vins que le soleil a mûris sous ses yeux ; qu’elle mange les légumes qu’elle a vu croître. La nature, avec l’année, recommencera le cours de ses bienfaits pour d’autres êtres. Demain nous allons disparoître ; & nous refuserions notre table à notre frere, & nous fermerions inhumainement le verrouil, pour dévorer seuls notre subsistance ! A-t-on de l’appétit quand on mange seul ? Et le repas fait-il le même bien que quand il est pris au milieu de la joie & du sourire des convives ?

Que ce nom de parasite, prodigué à l’honnête indigence qui a des droits à la table des riches, soit donc effacé à jamais de la langue, comme un mot qui offense l’humanité : qu’on ne le prononce plus, sur-tout à Paris, où, graces à des mœurs plus douces & plus humaines, il commence à s’éteindre. Qu’on ne l’entende plus que chez l’homme inhumain & dur, qui s’isole parce qu’il craint