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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome I, 1782.djvu/216

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pions, & les secrets des familles, que l’on croit les plus cachés, parviennent à la connoissance des intéressés.

Les ministres ont leurs espions à eux, séparément de ceux de la police, & les soudoyent : ce sont les plus dangereux de tous, parce qu’ils sont moins suspects que les autres, & qu’il est plus difficile de les reconnoître. Les ministres savent par ce moyen tout ce qu’on dit d’eux ; mais ils n’en profitent guere. Ils sont plus attentifs à ruiner leurs ennemis, à barrer leurs adversaires, qu’à tirer un sage parti des libres & naïfs avertissemens que la multitude leur envoie ; car on s’explique toujours assez librement sur le compte des ministres : on ne porte véritablement de respect qu’à la personne des princes.

Mais les secrets des cours n’échappent point par les espions ; ils s’échappent à l’aide de certaines gens, sur qui l’on n’a aucune défiance ; ainsi les vaisseaux les mieux construits font eau par une fente imperceptible, qu’on ne sauroit découvrir.