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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome I, 1782.djvu/236

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CHAPITRE LXVI.

Enseignes.


Les enseignes sont maintenant appliquées contre le mur des maisons & des boutiques ; au lieu qu’autrefois elles pendoient à de longues potences de fer ; de sorte que l’enseigne & la potence, dans les grands vents, menaçoient d’écraser les passans dans les rues.

Quand le vent souffloit, toutes ces enseignes, devenues gémissantes, se heurtoient & se choquoient entr’elles ; ce qui composoit un carillon plaintif & discordant, vraiment incroyable pour qui ne l’a pas entendu. De plus, elles jetoient la nuit des ombres larges, qui rendoient nulle la foible clarté des lanternes.

Ces enseignes avoient pour la plupart un volume colossal & en relief. Elles donnoient l’image d’un peuple gigantesque, aux yeux du peuple le plus rabougri de l’Europe. On