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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome I, 1782.djvu/254

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royaume ! C’est un conte. Désabusez, je vous prie, les Russes, quand vous serez à Pétersbourg. Cet homme perçoit cent soixante millions & plus, pour quatre mille francs par an ; il ne dépense pas un sol au-delà : c’est le modele de l’économie la plus stricte & la plus sévere. Il est vrai qu’il a des commis un peu infideles ; mais ces commis exercent toujours un peu de rapine : ils sont plus riches que lui, cela est encore vrai ; mais sa modération constante n’en est pas alarmée ; c’est toujours à sa requête que toute perception se fait. Avez-vous dans votre pays un homme qui vous ramasse & vous apporte cent soixante millions, pour quatre mille francs d’honoraires ? Il faut avouer que le roi de France est servi à bon marché, & qu’il a dans ce personnage un habile & fidele serviteur.

Le Russe ne savoit ce que je voulois lui dire, il ouvroit de grands yeux avec étonnement ; il fallut que je lui expliquasse ce que c’étoit que Nicolas Salzard, successeur de Laurent David & de Jean Alaterre,